Face aux incohérences : oser questionner, réfléchir et imaginer

· L'Esprit en Eveil

Incohérences. C’est sans doute le maître mot de ce à quoi nous assistons depuis 18 mois dans la gestion de la crise du covid (oui, du covid : l’usage prévaut sur les décisions institutionnelles). Quelle que soit notre opinion personnelle quant à la situation sanitaire, nous pouvons au moins nous entendre sur un point : les décisions les plus contradictoires sont prises non seulement d’un pays à un autre, y compris au sein de l’Union européenne, mais au sein même de chaque pays où se succèdent des mots d’ordre opposés depuis un an et demi. 

Ici c’est vrai, là c’est faux. Aujourd’hui c’est blanc, hier c’était noir. Ici c’est obligatoire, là c’est déconseillé. Hier le masque ne sert à rien ; aujourd’hui il est imposé à tous. Ici tel remède fonctionne, là il ne fonctionne pas. Ici on peut l’acheter, là il est interdit à la vente. Aujourd’hui les soignants sont des parias, hier c’étaient des héros. 

Et ainsi de suite. 

- Quelle attitude adopter face à une telle quantité d’incohérences, de contradictions, voire d’aberrations ? 

Il faut oser questionner, oser réfléchir, oser douter, aussi inconfortable que cela puisse être. Accepter l’incertitude. Se refuser à croire quiconque sur parole car, de toute évidence, face à des avis et des mesures aussi contradictoires, tout ne peut pas être vrai ni fiable. Vérifier la crédibilité des intervenants, notamment en s’assurant qu’ils n’ont aucun conflit d’intérêts (ce qui en écarte déjà beaucoup).

Se poser des questions, par exemple, c’est se demander pourquoi certaines sommités scientifiques, certains professeurs de médecine (y compris prix Nobel) ou certains hauts responsables d’hôpitaux prennent le risque de défendre des points de vue différents de ceux qu’assènent en boucle les médias, alors qu’ils ont tout à y perdre : leur réputation, leurs revenus, leur poste, leur capacité à publier dans des revues scientifiques, mais aussi certaines de leurs relations et jusqu’à leur sécurité parfois ? 

Pourquoi ? Qu’est-ce qui peut motiver des personnes avec de telles références, parvenues à une telle réussite, à prendre de tels risques pour elles-mêmes et leur famille ? 

Il faut se poser la question.

 

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Se poser des questions, c’est aussi interroger la légitimité scientifique des arguments médicaux présentés, car la science est la même dans tous les pays de la Terre (et dans le cosmos) : elle ne dépend d’aucune culture, d’aucune philosophie, d'aucun préjugé, aucune croyance. Preuve en est que les expériences physiques et chimiques donnent les mêmes résultats dans tous les labos du monde. Pourquoi en médecine, alors, tel médicament ou tel traitement est-il reconnu ici et interdit là ? Pourquoi faut-il un Ordre des médecins (dénomination assez religieuse) pour imposer une façon de penser et de prescrire aux médecins ? Existe-t-il un Ordre des chimistes ? Un Ordre des physiciens ? Ou des mathématiciens ? 

Posons-nous ces questions. Même si nous n’avons pas de réponse immédiate, même si nous n’aimons pas l’incertitude, ouvrons-nous à ces interrogations essentielles. Le questionnement est le début de la pensée, de la réflexion.

Aujourd’hui, ceux et celles qui osent questionner se font (dis)qualifier de « complotistes ». Est-il normal qu’il ne soit plus permis de réfléchir, de s’interroger sans être traîné dans la boue, ridiculisé, présenté comme un simple d’esprit ? Que reste-t-il de nos traditions philosophiques et du glorieux passé intellectuel dont s’enorgueillit la France ? 

En outre, faut-il rappeler la longue liste de scandales qui ont ponctué l’histoire des laboratoires pharmaceutiques, depuis la thalidomide qui a provoqué tant de malformations durant les années 60, jusqu’aux récentes histoires du Vioxx et du Lévothyrox, parmi tant d’autres ? Combien de temps a-t-il fallu avant que la vérité éclate ? N’est-il pas légitime, et même indispensable, de faire preuve d’une extrême vigilance dans tout ce qui touche à notre santé, a fortiori quand des intérêts financiers aussi colossaux sont en jeu ? N’est-il pas tout simplement sain, au sens de santé mentale, de se poser toutes ces questions, à la fois pour nous-mêmes et pour nos enfants ? 

(Au demeurant : traiter autrui de complotiste, c’est faire aveu d’impuissance. C’est se montrer incapable de répondre à ses questions, de contrer ses arguments, et en être réduit à des attaques ad personam, visant à discréditer totalement l’individu, à ôter toute légitimité à sa parole. Une telle tactique rabaisse avant tout ceux qui l’utilisent.)

Enfin, face à toutes ces incohérences, face à l’évidence qu’il y a forcément dans tout ce qui se dit une part importante de mensonge, sinon de manipulation, nous devons aussi oser faire preuve d’imagination : oser envisager un maximum d’hypothèses différentes, y compris dérangeantes, si nous ne voulons pas vivre dans un monde de bisounours et de naïfs. C’est une leçon que nous a chèrement enseignée l’histoire. 

En 1942 ou 43, un juif ayant réussi à fuir l’Allemagne s’est rendu aux Etats-Unis où il a été reçu par l’un des sept juges de la Cour suprême. Il l’a informé de l’existence des camps de concentration nazis. A quoi ce juge lui a répondu : « Je ne dis pas que vous mentez, mais je n’arrive tout simplement pas à croire ce que vous me dites ». Réponse honnête, au passage, mais soulignant l’incapacité de ce magistrat à envisager quelque chose d’absolument inimaginable à l’époque.

En 2001, la CIA avait en main tous les éléments (mails, écoutes, etc.) pour anticiper les attentats du World Trade Center, mais les responsables n’y ont tout bonnement pas cru. Le rapport qui a été fait par la suite à conclu à une « carence d’imagination ». Là aussi, qu’un tel acte puisse être commis semblait inimaginable. 

C’est sans doute un effet de notre humanité commune que nous soyons le plus souvent incapables d’imaginer que nos semblables (!) puissent se rendre coupables d’actes qui dépassent notre imagination et notre entendement. Il faut alors un brutal retour à la réalité – la découverte des camps, l’effondrement des tours jumelles – pour accepter douloureusement cette part sombre qui existe en chaque être humain, comme l’histoire ne cesse pourtant de nous le rappeler.  

Se poser des questions, envisager toutes les hypothèses – y compris les plus sombres – n’est pas être complotiste : c’est oser réfléchir, oser penser et imaginer, oser s’abreuver à diverses sources d’information en s’assurant de leur fiabilité et de leur absence de conflits d’intérêts. Mais surtout, c’est rester ouvert, c’est ne pas tirer de conclusions hâtives, c’est – exercice très difficile ! – oser garder à l’esprit des hypothèses contradictoires, accepter l’incertitude, refuser la croyance facile à ce qui nous rassure, attendre d’être plus amplement informés avant de se prononcer. Par conséquent, et pour conclure, c’est pouvoir continuer d’échanger, de dialoguer avec n’importe quelle autre personne, même en cas de désaccords : c’est donc refuser de se murer dans des certitudes, privilégier la relation à toutes les divisions que favorise le contexte actuel, et tout mettre en œuvre pour cheminer ensemble vers la vérité.