Elections US : un regard inédit

· L'Esprit en Eveil

Peu après l'élection américaine, Charles Eisenstein l'a commentée dans une vidéo dont, ensuite, il a mis la transcription sur son compte Substack. Pour mémoire, j'ai préfacé et publié le livre exceptionnel de Charles - Ce monde plus beau que notre coeur sait possible - aux Editions Jouvence, et j'ai récemment préfacé son prochain livre, tout aussi exceptionnel, à paraître en février aux Editions du Non-A, Manifeste pour une Terre Vivante. Dans tous ses livres, articles et vidéos, Charles développe une pensée non-dualiste qui résonne très profondément en moi.

C'est ce qu'il fait encore une fois dans le regard inédit qu'il porte sur ces récentes élections. Ça m'a donné envie de traduire cette transcription pour la rendre disponible aux non-anglophones, dans la mesure où la portée de sa réflexion va bien au-delà de ces seules élections et où ses recommandations s'appliquent de manière beaucoup plus générale à notre rapport à l'actualité et aux histoires auxquelles nous adhérons.

Vous pouvez télécharger le PDF de cette transcription ici :
« Les élections ne signifient peut-être pas ce que nous croyons »

Ce que Charles écrit sur ces élections américaines fait profondément écho à ce qu'Annabelle et moi enseignons dans notre retraite Genesis : 7 jours pour se recréer, dont la devise est : "Guérir le coeur et libérer le mental, pour que l'esprit se reflète dans le corps". "Libérer le mental", c'est en grande partie nous libérer de nos préjugés, des histoires auxquelles nous croyons, que nous investissons d'une telle énergie émotionnelle que nous avons du mal à nous en défaire et à voir les choses sous au moins un angle différent. D'où l'importance du pardon, c'est-à-dire de cette guérison du coeur qui nous permet véritablement de sortir de nos croyances trop rigides, fermées, unilatérales.

Comme l'explique avec talent l'écrivaine nigériane Chimamanda Ngozi Adichie dans sa courte vidéo TED, Le danger d'une histoire unique, avoir un seul point de vue, une seule histoire, sur n'importe quel sujet, est incompatible avec la liberté de pensée, avec une vision juste des choses. Cela fait de nous des Cyclopes, ai-je l'habitude de dire : un seul oeil, un seul point de vue, une seule histoire, donc aucun relief, et une vision forcément partielle et partiale des choses.

Accepter l'incertitude (au lieu d'adopter la première histoire, même fausse, qui nous rassure et conforte nos préjugés), être capable de suspendre son besoin de comprendre tout de suite, de tirer des conclusions hâtives, c'est créer en soi un très précieux espace de liberté. Ce n'est pas renoncer à comprendre, ni renoncer à développer une opinion, mais c'est refuser que celle-ci ne se fonde que sur des réactions émotionnelles, refuser de laisser inféoder notre intellect à nos peurs, nos colères ou notre ressentiment, afin de prendre de la hauteur et de voir les choses avec plus de complexité et de relief.

Un sage disait : "Le Soi agit ; l'ego réagit". Les réactions sont des automatismes, dénués de réflexion. Ne soyons pas des automates, des machines dont n'importe qui peut appuyer sur les boutons et déclencher des émotions prévisibles. Conquérons pas à pas, jour après jour, ce bien si précieux qu'est notre liberté intérieure.