Nous associons généralement le terme de « croyants » aux adeptes d’une religion. En réalité, nos croyances couvrent un spectre beaucoup plus large qui inclut les régimes alimentaires, les divers types de médecine, les régimes politiques, les théories économiques, les outils de développement personnel, etc. A ce titre, nous sommes tous croyants.
En gros, nous attachons une part de croyance à pratiquement tout, sauf les sciences dures (les mathématiques, par exemple : pas besoin de croire que 2+2=4).
Croire, c’est investir une part d’affect, de subjectivité – de coeur – dans un savoir intellectuel approximatif, dans un champ d’étude où se côtoient diverses théories dont aucune ne détient une vérité complète et définitive, mais au mieux une facette seulement.
Au positif, croire nous donne la motivation, l’envie de faire les choses, ça met du vent dans nos voiles. On fait les choses parce qu’on y croit, qu’on en a envie. Ça nous donne « du coeur à l’ouvrage ».
Au négatif, parce qu’elle se double toujours d’une forte dose d’attachement affectif qui tend à restreindre la liberté de pensée, la croyance peut aussi nous enfermer dans un système de pensée étroit, nous empêcher de regarder ailleurs, nous faire chercher seulement les infos qui la confirment, nous arc-bouter sur nos convictions, nous couper de la réalité et de la recherche continue de la vérité.
Au pire, nous confondons nos croyances avec un savoir absolu, incontestable. Nous les prenons pour des vérités (quasi-religieuses, pour le coup ; dogmatiques, certainement), au nom desquelles nous nous sentons autorisés à stigmatiser les autres qui nous semblent eux crédules, eux incapables de voir la vérité une que nous imaginons détenir.
Dans Mettre de l’ordre en soi, où je présente un outil de discernement (le Tamis à 4 étages), j’invite mes lecteurs et lectrices à passer tout ce qu’ils imaginent savoir au crible de ce Tamis, pour en distinguer clairement la part de croyances qui s’y mêle, le plus souvent à leur insu. La croyance ne devient dangereuse que lorsqu'elle est inconsciente.
On ne peut pas s’empêcher de croire. Mais on peut faire en sorte d’avoir des croyances conscientes, choisies délibérément, des croyances souples, ouvertes, que l’on ne confond plus avec des vérités absolues ni avec un savoir définitif, des croyances qu’on est donc prêt à faire évoluer, voire à rejeter sans état d'âme, chaque fois que des éléments solides nous poussent à les remettre en question.