Voilà plus de vingt ans que sont parus en français les fameux « Quatre accords toltèques » de don Miguel Ruiz.
Si la lecture de ce livre est accessible à tout le monde, parce qu’il est simple sans être simpliste, la mise en pratique de ce code de conduite est une autre paire de manches… comme vous le savez si vous vous y êtes essayés !
La période compliquée que nous traversons — comme en témoignent les tensions, les divisions, les agressions verbales, les réactions émotionnelles, et j’en passe – est aussi une formidable occasion de mettre en pratique chacun de ces accords, de façon très concrète, au quotidien.
Que ta parole soit impeccable : euh… comment dire ? Il me semble qu’on en est souvent assez loin, en ce moment. Et si l’on se refusait à rentrer dans la valse des étiquetages mutuels, des insultes, des jugements lapidaires, des ripostes verbales enflammées ? La parole est l’épée du chevalier toltèque : elle n’est destinée ni à rouiller dans son fourreau (dans un silence coupable qui ne serait pas impeccable non plus), ni à blesser inconsidérément autrui. Elle peut défendre le vrai, le beau, le bon, le juste, avec fermeté et bienveillance. Pas toujours facile… on est d’accord. Mais quelle meilleure occasion de s’y exercer ?
Quoi qu’il arrive, n’en fais pas une affaire personnelle : voilà un accord particulièrement évident en ce moment ! Comment ça ? Eh bien, la personne qui me colle une étiquette ne me voit tout simplement pas ! Je ne sers que d’écran à ses propres projections. L’individu que je suis, avec sa pensée, sa réflexion, ses convictions, ses sources d’information, son expérience de vie, sa complexité et ses nuances (et ses contradictions, comme tout le monde) ne pourra véritablement exister pour elle que si elle décide de prendre le temps de me rencontrer, de me connaître, de dialoguer, de converser. A défaut, ayez conscience qu’elle ne parle pas de vous, qu’elle dialogue à travers vous avec ses propres fantasmes, qu’elle fonctionne en circuit fermé. Lorsque vous l’aurez vécu en conscience une première fois, ce sera une révélation ! Dès lors, vous parviendrez à ne plus avoir de réaction émotionnelle à d’éventuels propos jugeants et dévalorisants, qui ne vous atteindront plus. Vous aurez un bouclier. Avec un peu de chance, une fois « défoulé », sans avoir provoqué de riposte de votre part, votre interlocteur sera prêt à vous entendre…
Ne fais pas de suppositions : là encore, on en est loin actuellement. « Si cette personne pense ceci, croit cela, c’est qu’elle est crédule, ignorante, irresponsable, mal informée. » « Si cet individu agit ainsi, c’est que c’est juste un mouton, un naïf, un abruti, quelqu’un qui n’a aucune pensée propre. »
Et vas-y que je te prête les pires intentions du monde et que je fasse les pires suppositions à ton sujet !
Que dit le troisième accord ? « Ayez le courage de poser des questions. Communiquez clairement avec les autres. » Autrement dit, la meilleure façon de ne pas faire de suppositions, c’est de dialoguer, de parler, d’interroger l’autre, dans un esprit d’ouverture, sans a priori. Et là, tout d’un coup : surprise, cette personne a en réalité de très bonnes raisons de penser comme ceci, de croire cela, d’agir de telle manière… raisons que je n’imaginais même pas avant qu’on commence à se parler.
Faites toujours de votre mieux : heureusement qu’il y a ce 4e et dernier accord, parce que – soyons honnêtes – on ne va pas arriver du jour au lendemain à changer toutes nos vieilles habitudes. Oui, on va encore balancer des piques verbales par moment, qui nous échapperont. Oui, on va encore prendre parfois les choses personnellement, se vexer, réagir, riposter. Et, bien sûr, il va encore nous arriver de prêter les pires intentions à tous ceux et celles qui ne pensent pas comme nous, et plus encore à ceux dont les décisions impactent négativement nos existences.
Faire de son mieux n’est pas un antidote à l’échec : c’est un remède aux remords, aux regrets, à la culpabilité que l’on ressent quand on sait bien, au fond, qu’on aurait pu mieux faire. Faire de son mieux, c’est progresser un peu chaque jour, même s’il nous arrive encore de nous planter… Faire de son mieux, c’est naviguer entre le laxisme qui nous fait culpabiliser, et le perfectionnisme qui nous épuise.
Redisons-le : aussi difficile que soit la période que nous traversons, nous pouvons aussi y voir l’occasion de mettre en pratique non seulement ces fameux accords, mais tous les outils de développement personnel et spirituel auxquels nous nous sommes formés au fil des ans. Ils visent précisément à nous aider à rester alignés, centrés, présents, lumineux, même en période de chaos.