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Lettres de l'Amour

23 juillet 2025

(Le post qui suit est exceptionnellement long… mais il me semble que la qualité de son contenu le justifie pleinement ! Et puis, c’est l’été, vous êtes peut-être en vacances…)

J’ai beau savoir que les synchronicités existent, je suis toujours émerveillé quand elles se présentent… d’autant que depuis quelque temps je trouve qu’il y en a de plus en plus dans ma vie.

Le 18 juillet dernier, je parlais à un grand ami du livre Comme par magie que j’adore et que j’ai lu 4 ou 5 fois et même écouté lu par son autrice, Elizabeth Gilbert, surtout connue pour le best-seller mondial Mange, prie, aime. En voulant retrouver pour lui la vidéo TED magnifique qu’elle a faite autrefois, j’ai découvert qu’elle était… née le 18 juillet ! La coincidence surprenante m’a poussé à aller visiter son site web où j’ai découvert qu’elle avait lancé un projet magnifique, intitulé Letters from Love littéralement Lettres de l’Amour, c’est-à-dire des lettres écrites par l’Amour lui-même – dans lequel elle partageait ce qu’elle considère comme la plus importante pratique spirituelle de sa vie : s’écrire à elle-même des lettres, comme si c’était l’Amour lui-même qui s’adressait à elle. Une pratique qu’elle a ensuite développée en invitant toutes sortes de personnalités à faire de même, sur son site dédié.

La première de ces lettres que j’ai écoutées (et lues : la transcription figure en dessous) sur son site est celle où elle évoque Maggie Doyne, cette jeune Américaine qui a adopté 54 enfants au Népal. J’ai été profondément touché, à la fois par la lettre de Liz Gilbert, en réponse à la question posée à l’Amour par Maggie Doyne, et par celle que Maggie y donne ensuite elle-même. Ce sont deux courtes vidéos, mais très émouvantes, très profondes, tellement vraies à mes yeux, dans le message qu’elles délivrent. Les parallèles avec ce qu’enseigne Don Miguel Ruiz, que ce soit sur le rêve ou sur l’amour, sont évidents.

Ce qui me touche et fait de cette coïncidence une vraie synchonicité, c’est que sous une forme très différente, Liz Gilbert œuvre dans le même sens que nous le faisons avec les Cercles de Pardon : faire en sorte de guérir les cœurs, permettre aux gens de retrouver le chemin vers l’amour en général, et l’amour de soi en particulier. Je peux d’ailleurs vous confier ici que j’ai terminé un livre sur le pardon à soi – à la fois le pardon le plus important et le plus difficile aussi – que j’espère voir paraître au printemps prochain et qui vise justement à nous aider à retrouver le chemin de l'amour de soi !

Le travail de Liz Gilbert est d’autant plus émouvant qu’il émane de quelqu’un que la vie n’a pas ménagé ces dernières années, comme elle le relate dans un livre à paraître le 9 septembre prochain, All the Way to the River : Love, Loss and Liberation (que j’ai précommandé en audio). Ce ne sont pas des paroles bisounours que nous livrent Liz et Maggie, mais des propos qui émanent des tréfonds de leur cœur et de leur âme, passés au feu de l'expérience personnelle.

L’an dernier, j’avais traduit et sous-titré en français une vidéo magnifique de Fred Luskin, pour que vous puissiez en profiter, et elle a été vue plus de 7000 fois. Cette fois-ci, je dois me contenter de partager avec vous la traduction française de ces deux lettres que vous pouvez découvrir en anglais ici :

Si vous le voulez bien, je vous invite à écouter Liz et Maggie lire leurs lettres respectives, en suivant la traduction française. Vous pourrez ainsi ressentir ce qui les traverse, l’une et l’autre, quand elles lisent leur lettre. Même sans comprendre l’anglais, je pense que vous percevrez l’énergie qui se dégage d’elles et qui imprègne toute cette magnifique aventure dans laquelle s’est lancée Elizabeth (alias Liz ou Lizzy) Gilbert.

Une dernière chose : un documentaire vient de sortir sur la vie incroyable de Maggie Doyle, dont j’espère qu’une version française ou sous-titrée français sera bientôt disponible. Je l’ai visionnié hier et il m’a autant ému qu’inspiré.

Voici donc la traduction de toute cette page :

Chères étincelles d’amour,

Il y a de nombreuses années maintenant, j’ai entendu une histoire qui m’a émerveillée et éblouie. Il s’agissait d’une jeune Américaine (très jeune à l’époque — elle avait à peine 19 ans), prénommée Maggie Doyne, qui avait lu Mange, Prie, Aime et en avait été inspirée à voyager à travers le monde. Ce livre lui avait donné l’élan nécessaire pour utiliser ses économies — gagnées en faisant du baby-sitting — non pas pour aller directement à l’université après le lycée, mais pour partir à la découverte du monde et de qui elle était à l’intérieur de ce monde.

L’histoire de Maggie ne m’appartient pas — elle l’a racontée de façon magnifique dans son livre Between the Mountain and the Sky (Entre la montagne et le ciel) — mais je peux dire que son parcours inclut (sans s’y limiter) le fait d’avoir déménagé au Népal, adopté cinquante enfants avant ses trente ans, ouvert une école pour des centaines d’autres enfants vivant dans la pauvreté ou orphelins après une guerre civile brutale, lancé des programmes de formation et de réhabilitation pour les femmes victimes de violences, créé des cliniques de santé dans une région du monde où les soins étaient inexistants, été nommée Héros de l’année par CNN, et affronté certaines des pertes et des épreuves les plus dures et dévastatrices qu’un être humain puisse vivre.

Aujourd’hui — même après avoir survécu à tant d’épreuves et accompli tant de choses — Maggie, comme beaucoup d’entre nous, regarde le monde avec un sentiment de désespoir. C’est ce désespoir qui l’a poussée à écrire une Lettre de l’Amour — une lettre adressée à son propre esprit d’Amour inconditionnel, pour lui demander ce qu’il avait à lui dire (à elle, qui a vu plus de beauté et de tragédie dans sa jeune vie que la plupart d’entre nous n’en verront jamais) — pour lui demander que faire, quand le monde semble s’effondrer.

Ce qui est venu en réponse est un message qui, pour moi, dépasse la simple espérance. Il touche au transcendant.

J’espère que vous regarderez sa vidéo et que vous ressentirez ce que j’ai ressenti : la beauté évanescente et la médecine sauvage du Véritable Amour.

Continuons notre chemin,

Votre Lizzy

Voici pour commencer ma propre lettre, en réponse à cette question que pose Maggie.

- Cher Amour, que fait-on quand on a l’impression que le monde s’écroule ?

Petite amoureuse : construis un nouveau monde ! Tout de suite ! Dans les cinq prochaines secondes.

Ne nous résiste pas, s’il te plaît, pendant qu’on t’explique. Et garde ton esprit aussi vaste que l’horizon le plus large pendant qu’on tente de te montrer ce qui est vrai.

Tu crées le monde avec ton esprit. Ce n’est pas une gentille lubie new age, ma chérie. C’est la pure vérité. À partir d’un bouillon de matière moléculaire et d’énergie, l’imagination humaine bâtit des mondes — elle invente le temps et l’espace, donne des noms aux choses, les individualise, construit des vies entières, des nations entières à partir d’opinions et de fantasmes, des hologrammes que ton cerveau façonne pour donner du sens à ce qui, en réalité, n’est rien. Ou peut-être… tout.

Tout est un rêve, mon amour.
Tu es même en train de te rêver toi-même : voilà jusqu’où va le rêve.

Les mystiques et les poètes que tu as toujours aimés le savaient depuis longtemps — bien avant que les physiciens commencent à le confirmer récemment. C’est un fait : tu rêves. C’est ce qui se passe. Eux aussi rêvent — toutes les personnes que tu vois, entends, touches, ressens, lis, imagines, juges. Ils rêvent à l’intérieur du rêve que tu rêves d’eux. C’est du rêve à tous les étages, ma douce. Des rêves reflétés dans des rêves, empilés les uns sur les autres, dix couches de rêves d’épaisseur.

Tu te souviens de ce moment où tu étais seule avec Byron Katie, et où tu lui as posé une question dans un murmure sacré, presque trop intimidée pour troubler son calme impassible — tu t’es penchée vers elle, tu as désigné le monde autour de vous et tu as dit :

« Katie, est-ce que tout ça est RÉEL ? »

Elle t’a souri de ce sourire simple et lucide qui est le sien, et elle a dit :
« Je n’ai jamais vu la moindre preuve que ce soit réel, ma chérie. »
(Et c’est une femme qui, un jour, a mis accidentellement sa main dans un blender en marche. Et qui était parfaitement OK avec ça !)

Tu lui as demandé : « Est-ce que c’est moi qui te rêve, Katie ? »
Elle a répondu : « Oui, ma douce. »
« Et est-ce que toi, tu es en train de me rêver ? »
« Oui, ma chérie, a-t-elle dit. Et je suis si heureuse que nous nous rencontrions dans ce rêve. »

Tu as demandé : « Que vois-tu quand tu me regardes ? »
Ses yeux se sont remplis de larmes pendant qu’elle essayait d’expliquer. Elle a dit :
« Tout ce que je vois en te regardant, Lizzy, ce sont des rayons de lumière qui jaillissent de toi. Je ne peux t’appeler que Dieu. »
Et tu voyais bien qu’elle le pensait vraiment. Elle voyait la lumière divine en toi, reflétée dans le miroir de ses yeux.
C’était très beau — et même flatteur — mais tu as ensuite désigné la bouteille de ketchup sur la table et tu as demandé (à contrecœur) :
« Est-ce que tu vois aussi des rayons divins de lumière quand tu regardes la bouteille de ketchup sur la table ?»
« Oui, ma douce, » a-t-elle dit. « Il n’existe que cela. »

Je sais, ça te donne envie d’aller t’asseoir dans un coin avec une poignée de champignons psychédéliques, une couverture sur la tête, pour essayer de comprendre tout ça.
Mais on te l’a déjà dit, Lizzy, on te l’a dit, mon amour : tu n’as pas besoin de ça.
Tu n’as pas besoin d’un état modifié pour comprendre la nature de la réalité.
Tu as seulement besoin d’un esprit ouvert. Et tu l’as.
Et d’un cœur ouvert aussi.
Mais oui, tu nous as posé une question.
Tu as dit : "Que faire quand le monde semble s’écrouler ?"
Et nous t’avons répondu : Construis un nouveau monde.
Ce qui veut dire : rêve un rêve meilleur.
Fais un rêve PLUS BEAU — pas en partant en guerre, mais en devenant une rêveuse encore plus lucide.
Change le rêve dans lequel tu te trouves, ce rêve où toi, l’héroïne de l’histoire que tu rêves, tu es terrorisée, découragée, et tu sens que tout est sombre et perdu, au point de ne plus avoir envie d’"être en vie", parce que tout semble si sinistre.
Quel cauchemar ! Quel rêve d’amatrice !
Change-le, mon amour.
Transforme-le en un rêve où toi, la protagoniste de l’histoire, tu es courageuse, généreuse, douce, inspirée, engagée, aidante, lumineuse et chaleureuse.
Change le monde en changeant la rêveuse du monde.
Demande-toi ce que toi, la rêveuse, tu peux créer dans l’instant suivant qui soit beau dans ce rêve.
Demande-toi quels personnages du rêve tu peux aider, réjouir, servir, nourrir, aimer, rencontrer.
Demande-toi comment tu peux transformer un moment — ce moment — en quelque chose de rayonnant, radical, spectaculaire.

Souviens-toi de cette enseignante mystique et sauvage que tu as eue, qui claquait des doigts devant toi pendant tes méditations en disant :
« Change ! Change ! Change ta pensée ! Change la scène ! Change ta perspective ! Maintenant ! Change le monde ! Change la scène, change ton regard. Change, change, change ! »

Parce qu’elle savait que tu créais le monde à chaque pensée, à chaque instant, image par image, opinion après opinion, selon ton regard et ton interaction avec lui.

Tu n’y crois pas ? Alors regarde les mondes que les gens créent et vois à quel point ils diffèrent.
Chaque personne que tu vois (ou crois voir) vit dans son propre rêve, sa propre réalité perçue.
Change ta perception, change la réalité, change le monde.

Écoute — on entend ton ego qui proteste, qui veut dire :
« Non mais sérieusement, regarde tout ce qui se passe de terrible ! »
OK, alors on va simplifier. On va sortir de la sphère mystique — même si tout ce qu’on vient de dire est vrai — et redescendre dans ce que ton mental appelle “la réalité”.
Allez, ma fille, on te la fait simple.
Il n’y a que deux options.

Soit le monde est vraiment en train de finir — auquel cas, pourquoi ne pas choisir d’être présente à la fin du monde sous la forme la plus aimante et créative de toi-même, pour aider le plus de gens et manifester le plus de beauté possible avant que tout s’effondre ? Pourquoi pas ?

Soit le monde n’est pas en train de finir — auquel cas, pourquoi ne pas choisir d’être présente pour la poursuite du monde sous la forme la plus aimante et créative de toi-même, pour aider le plus de gens et manifester le plus de beauté possible tant que ce monde continue ?

Tu vois là un choix, toi ?
Nous, non.
On ne voit qu’un seul chemin : celui de l’amour lumineux, de la création et de l’engagement, quoi qu’il arrive.

Tes instructions sont simples :
Cherche quelqu’un à servir, quelque chose à aimer, et crée quelque chose de beau.
Peu importe l’obscurité apparente.
Commence à rêver mieux. Tout de suite.
Change ! Change ! Change ! Encore ! Encore ! Encore !

On t’aime.

Et voici maintenant la Lettre de l’Amour de Maggie elle-même :

- Cher Amour, que fait-on quand on a l’impression que le monde s’écroule ? Où te trouver quand on se sent enseveli sous le chagrin et le désespoir ?

Chère Maggie,

Il existe une idée très humaine — mais profondément fausse — selon laquelle je quitte le navire quand tout s’effondre. Que lorsque la tragédie frappe, que le monde se disloque et que le chagrin envahit tout, je disparais.

Je t’avoue que je me sens parfois mal compris.
Mon rôle n’est pas de te protéger de la douleur, ni de te mettre à l’abri des coups durs ou de répondre à tous tes "pourquoi".
Mon rôle est simplement d’être là.
Comme une force, une présence.
Un lieu vers lequel revenir, un point d’ancrage, une main à saisir, un espace où s’élargir.

Je suis là dans le deuil, dans la souffrance.
Dans les effondrements.
Même dans les moments où tu es persuadée que j’ai disparu.

Le chagrin est trop souvent lié à la peur, au traumatisme, à l’abandon, à la solitude.
Et moi, l’Amour, je suis souvent réduit aux arcs-en-ciel, aux papillons, aux éclats de rire, au chocolat, et aux balades au coucher du soleil.
Mais je vis partout, et surtout dans la rudesse et dans la faille.
J’étais là dans les instants où tu pensais ne plus pouvoir avancer.
Et je suis toujours là.

Tu as si peur de me perdre — tu es si inquiète, si empêtrée dans tes angoisses, guettant le prochain chagrin.
Tellement enfermée dans tes questions que tu en viens à croire que je peux être diminué ou divisé.
Tu m’abandonnes, par peur que moi je t’abandonne.

Je suis désolé de ne pas pouvoir répondre à toutes tes questions.
J’aimerais tant le faire.
Mais je ne suis pas là pour expliquer.
Je suis simplement… l’Amour.
Expansif. Inspiré. Infini.
Pur et incommensurable.

Je t’anime. Je te rends courageuse.
Je protège avec ardeur et j’adoucis avec délicatesse.
Je suis tout ce qu’il y a de bon et de vrai — peut-être la dernière chose vraiment précieuse à laquelle l’humanité puisse se raccrocher.

Et je cherche toujours à me révéler.
Je suis la première strie orangée dans chaque aube.
Je suis le minuscule point vert dans la plante que tu croyais morte cet hiver.
Je suis l’étoile filante dans un ciel nocturne silencieux, et le chant d’oiseau que tu entends alors que tu penses que tout est fini.
Je suis le pain aux bananes, la casserole de soupe, les lettres manuscrites et les listes griffonnées.
Je suis la tasse de thé partagée au coin du feu avec ta meilleure amie.
Je suis sur la balançoire, dans les rires et les yeux brillants de chaque enfant.
Je suis la machine à bulles, la danse improvisée dans la cuisine, chaque chanson que tu as aimée et chaque main que tu as tenue.
Je suis chaque mot de tendresse et chaque geste radical de générosité.

Mais s’il te plaît, n’oublie pas :
je suis aussi dans la douleur.
Dans le deuil. Dans la souffrance.
Parce que — tu le sais déjà — le chagrin, c’est de l’amour aussi.

Toi et moi ne comprendrons peut-être jamais la raison de ces brisures.
Alors concentrons-nous sur ce que nous pouvons faire, sur ce que nous savons.
Regarde bien ce que tout cela est en train de sculpter en toi.
Cela te façonne, t’adoucit, t’approfondit.
Cela te fend — et de cette ouverture naissent la miséricorde, la compassion, la tendresse.
En te laissant traverser par le chagrin, tu deviens plus aimante.
Plus éveillée.
Plus vivante.

Et même si je ne peux pas t’expliquer pourquoi la tragédie existe, je peux te promettre ceci :
Quand tu regardes la souffrance droit dans les yeux —
et que tu choisis de la transformer en actes d’amour —
quand tu choisis d’aimer et de protéger chaque être, chaque enfant, comme s’il était le tien —
il n’y a rien de plus humain.
Rien de plus noble.
Rien de plus beau.
Aucune vie plus justement vécue.
Et rien qui me ressemble davantage.

Je ne suis pas là pour expliquer la douleur.
Je suis là pour t’aider à la transformer.
À chaque instant, à chaque souffle, tu as un choix.
Tu peux laisser ton chagrin et ton désespoir se changer en peur, en amertume, en immobilisme.
Ou tu peux en faire une force d’amour rayonnant —
Un amour qui agit, construit, nourrit, soigne, répare.
Je suis mouvement, expansion, infinitude.
La peur, elle, se rétracte, fige, et se fait petite.
Choisis-moi.
Un petit geste.
Une étincelle.
Un minuscule pas, après l’autre.
Je serai toujours là —
pour te guider,
te tenir,
et te rappeler ceci :

Tu es faite de moi.